Durant l'été deux mille seize je suis retourné à Londres. Je n'avais pas revu cette ville que j'aime depuis vingt ans. Entre temps, l'empire a gagné en puissance.

La city gouverne, une armée de femmes et d'hommes en costume gris assurent son fonctionnement avec zèle ; elle se hérisse de tours toujours plus fastueuses, singeant les mégalopoles américaines ou asiatiques.

Échapper au parcours obligatoire du touriste devient compliqué. J'ai surtout trainé dans les quartiers « populaires » (si tant est qu'il en existe encore) ; j'avais en mémoire ces architectures de briques que j'aime tant, reliques du passé industriel, restes d'un temps où Marx habitait Londres.

J'ai pris des notes. Je n'ai pas voulu adhérer à ce qui m'entourait. Je n'ai pas cherché à donner à ce spectacle un sens ; si sens il y a c'est cadeau. Not in my name.

Je n'ai pas essayé non plus d'unifier quoique ce soit dans un récit, une épopée intime. Je n'avais rien à « dire » - à priori - sur ce que je voyais. Ce que je traversais, je n'en jouissais pas. J'ai glané et gardé un détail par ici, un morceau par là.

J'ai collectionné ces miniatures avec soin. Puis je les ai rangées soigneusement. Il y a un plaisir du rangement. C'est d'ailleurs le seul vrai plaisir dans cette histoire de fou qu'est la photo de rue.


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